Angel Gardner, membre d’IWW, présente quelques moyens de combattre le sexisme sur le lieu de travail par l’action directe.
S’il y a une chose que j’ai apprise en travaillant dans le secteur de la restauration et du commerce de détail pendant plus de 14 ans, c’est que le harcèlement sexuel et le sexisme sur le lieu de travail sont des problèmes qui n’ont pas disparu. Vous êtes peut-être devenue plus tolérante à l’égard de l’objectivation sexuelle. Peut-être avez-vous peur que le fait d’être mal à l’aise face à des avances ou des commentaires sexuels signifie que vous êtes prude ou désespérément dépassée. La réalité est que le harcèlement sexuel et le sexisme sont une question de pouvoir. Nous sommes mal à l’aise à l’idée de nous défendre dans ces situations, car cela remet en question les relations de pouvoir, non seulement sur le lieu de travail, mais dans la société en général.
S’agit-il de harcèlement sexuel et/ou de sexisme ?
– Un directeur de district vous demande, à vous et à votre collègue féminine de 40 ans, « Pourriez-vous nous faire du café pour notre réunion ? ».
– Votre responsable fait porter à toutes les femmes du lieu de travail des t-shirts moulants de type « baby doll », intentionnellement une taille trop petite, avec l’inscription « Pour passer un bon moment, appelez… », tandis que les hommes doivent porter des polos noirs simples qui ne doivent pas nécessairement être moulants.
– Au cours de votre formation dans un magasin de vêtements, on vous demande de flirter avec des clients potentiels pour réaliser des ventes. Cela vous met mal à l’aise et, malgré vos efforts pour être proactif et professionnel, vous êtes mise à l’écart plus tard parce que vous n’êtes pas « assez amical ».
– Un client régulier au charme conventionnel s’assoit souvent au bar et vous dévisage tout au long de votre quart de travail et a fait plusieurs commentaires sur votre apparence qui vous mettent mal à l’aise. Lorsque vous lui demandez d’arrêter, il vous répond que vous devriez être flattée. Votre patron n’agit pas et vos autres collègues, qui apprécient son attention, vous disent que vous êtes étrange de ne pas aimer ça.
La réponse : Si l’une de ces politiques, attitudes ou comportements vous met mal à l’aise, vous ne devriez pas avoir à y faire face. Le niveau de confort est différent pour chacun·e. Certaines de vos collègues ne verront pas d’inconvénient à ce qu’on les appelle « mademoiselle » ou « chérie », tandis que d’autres seront offensées par le fait qu’on les appelle « madame » ou par tout autre pronom sexiste. Des attentes différentes en matière d’uniformes des employé·es qui contraignent les collègues à adopter des rôles stéréotypés en fonction du genre sont des pratiques sexistes qui créent un lieu de travail potentiellement hostile. Flirter avec les clients ne devrait jamais être une évidence, mais un choix. Certaines personnes peuvent apprécier l’attention et obtenir de meilleurs pourboires en affichant leur apparence et en flirtant, mais tout le monde ne devrait pas être obligé d’interagir de la même manière. Le fait de réprimander les autres pour ce qui les met mal à l’aise favorise un environnement de harcèlement.
Vous avez l’impression qu’une politique ou une personne au travail crée un environnement de travail hostile ? Suivre la voie juridique n’est pas toujours la meilleure option. Se lever collectivement avec vos collègues contre les pratiques, les politiques ou les individus sexistes peut souvent être le moyen le plus sûr et le plus puissant de lutter. Bien que cela soit techniquement illégal, il est plus facile pour les entreprises d’exercer des représailles contre un individu que contre un groupe de travailleur·euses. En outre, les affaires de harcèlement sexuel conduisent souvent les entreprises à traîner les femmes dans la boue et peuvent s’avérer très traumatisantes pour la victime. Les procédures juridiques peuvent être longues à résoudre, mais une action directe sur votre lieu de travail est immédiate. Lorsque les travailleur·euses s’unissent pour lutter contre le harcèlement sexuel et le sexisme, nous nous donnons les moyens de reprendre le contrôle du lieu de travail et, dans le même temps, nous tissons des liens plus étroits avec nos collègues en instaurant une confiance et un respect mutuels.
Comment lutter contre le sexisme et le harcèlement sur mon lieu de travail ?
– Formez une coalition avec des collègues qui partagent vos préoccupations ou qui y sont sensibles. Le harcèlement sexuel touche aussi bien les membres syndiqué·es que non syndiqué·es, n’excluez donc aucun·e allié·e possible.
– Interdisez l’accès du magasin aux clients récidivistes et assurez-vous que cette interdiction est appliquée par le reste de vos collègues.
– Confrontez votre patron en groupe sur les questions de harcèlement sexuel et faites savoir que vous prenez le problème très au sérieux et qu’il devrait en faire autant.
– Confrontez les travailleurs qui refusent de soutenir leurs collègues lorsqu’elles se sentent harcelées ou mal à l’aise. Ayez des conversations individuelles sur l’impact de leurs actions (non-respect des limites) et de leurs paroles (« ce n’est pas grave »), et exprimez vos sentiments de manière authentique mais professionnelle.
– Toute politique, tout code vestimentaire ou toute attente que vos collègues jugent sexiste doit être abordé, que vous soyez parvenu ou non à un consensus. Si votre travail vous oblige à porter un t-shirt moulant de poupée, mais que les hommes peuvent porter des polos, vous devriez également pouvoir porter un polo si vous ne voulez pas porter le t-shirt.
Traduit de l’anglais par IWW Bruxelles
Article original sur Libcom