Par Nate. H
Nous désirons simultanément accomplir deux choses au travail:
1. Organiser nos milieux.
2. Améliorer nos conditions.
Nous pourrions les faire séparément, par exemple, en s’organisant sans plans visant à améliorer nos conditions tels que des soirées de poker ou des cercles de tricotage. Nous pourrions aussi faire l’inverse, soit tenter d’améliorer nos conditions sans organiser notre classe, en donnant par exemple individuellement des pots-de-vin à nos supérieurs ou en les couvrant de louanges. Aucune de ces deux choses n’a quoi que ce soit à voir avec le syndicalisme. Être un syndicat signifie d’améliorer nos conditions en s’organisant ou de s’organiser en améliorant nos conditions.
Pour bâtir une bonne solidarité et améliorer nos conditions, nous devons faire des actions au travail. Les actions sont l’oxygène d’un syndicat ; elles débutent en prenant la solidarité informelle qui existe entre les employé-e-s – les relations actuelles et le climat d’agitation à l’intérieur du milieu de travail – et en les dirigeant contre nos patrons sous forme d’actions.
Lorsque vous planifiez une action, prenez un problème qui dérange beaucoup et auquel les gens accordent beaucoup d’attention et d’importance, et demandez vous « avons-nous le pouvoir de faire changer cette chose ? ». Par exemple, le superviseur du quart de nuit du département de réception/expédition d’une usine n’a probablement pas de contrôle sur le plan d’assurance dentaire de l’entreprise, ni celui d’en instaurer un. Par contre, il possède celui d’être plus ou moins respectueux envers les employé-e-s et d’être plus ou moins strict sur, par exemple, les allées et venues aux toilettes.
Faites donc tout d’abord la liste des points que les employé-e-s désirent améliorer et déterminez qui est (sont) la (les) personne(s) à cibler par vos actions car elles ont le contrôle sur ces points. Faites ensuite la liste des superviseur-e-s ou patrons les plus bas dans la hiérarchie ayant un certain pouvoir décisionnel sur ces problèmes.
Généralement, plus basses seront ces personnes dans la hiérarchie, plus il sera facile d’en obtenir ce que vous voulez. Ce point sera très important au départ, au moment ou, par exemple, cinq employé-e-s d’un département auront très peu de chance d’obtenir des gains dont bénéficieront les cent employé-e-s d’un milieu de travail. Cependant, s’ils ou elles obtiennent des gains dans leur département, il sera plus facile de recruter d’autres département qui pourront ensuite s’attaquer à de plus grands enjeux. C’est de cette manière que se bâtit l’organisation en milieu de travail.
Très tôt dans une campagne, il est important de se concentrer sur ce qui pourrait être appelé les «actions émotionnelles» ou la «pression émotionnelle». Je m’explique : Le travail est un souci de tous les instants pour nous, et à un degré différent, l’est aussi pour les patrons. Pour eux, il l’est généralement de plus en plus à chaque fois que leur degré descend dans la hiérarchie et vice-versa. Les actions émotionnelles sont celles où nous demandons à notre supérieur de faire un choix entre celui de faire de notre travail un moins grand problème ou celui que nous fassions du sien un plus grand. Plus ce ou cette supérieur-e sera près de nous dans la hiérarchie, plus ce type d’action sera facile à gagner. Particulièrement si ce ou cette superviseur-e est près de nous et que nous le ou la voyons à tous les jours, il ou elle se souciera beaucoup plus de notre opinion et de la manière dont nous le ou la traitons.
Lorsque nous confrontons collectivement un supérieur pour lui faire comprendre à quel point nos conditions de travail rendent nos vies déplaisantes, nous donnons aussi à ce ou cette supérieur-e une expérience très déplaisante. Nous pourrions voir cela comme le fait de partager une part de la misère que notre travail nous inflige avec lui ou elle. En donnant à ces supérieur-e-s une dose de leur propre médecine, rendant ainsi leur expérience au travail aussi misérable que la nôtre, nous pouvons les forcer à faire de petites améliorations à nos conditions de travail. En retour, cela nous permet de faire comprendre à nos collègues qu’il est possible de s’unir afin d’améliorer nos conditions et que plus nous serons nombreux et nombreuses à nous unir et serons solidaires, plus le rapport de force sera en notre faveur, et plus nous pourrons obtenir de grandes victoires.
Cet article fait partie d’une série : Affaiblir la digue.
Ils ont été traduit par les SITT-IWW du Canada francophone les originaux en anglais sont disponibles ici