L’établissement de relations avec les collègues de travail est l’épine dorsale de l’organisation. Le prochain article de notre mini-série sur l’organisation sur le lieu de travail porte sur les conversations en tête-à-tête. Écoutez vos collègues, renseignez-vous sur les problèmes et guidez-les vers l’action !
Pourquoi les conversations en tête-à-tête sont-elles le meilleur moyen de parler à vos collègues ?
1) Chacun·e a ses propres idées et ses problèmes spécifiques. Vous ne les découvrirez qu’en leur posant directement la question. Si vous ne discutez de ces choses qu’en groupe, certaines personnes vont dominer et d’autres ne seront pas entendues.
2) Les discussions en tête-à-tête sont sécurisées. Vous avez le contrôle de la conversation, vous pouvez donner des informations sensibles à votre gré. Il est préférable d’apprendre que quelqu’un·e est le cousin du patron lors d’une conversation en tête-à-tête que lors d’une réunion d’organisation de masse plus tard !
3) Si vous commencez par une réunion de masse ou un tract, vous alerterez immédiatement le patron. Il commencera son activité de démantèlement syndical avant que vous n’ayez eu le temps de préparer le terrain. L’approche en tête à tête signifie que les choses progressent à votre rythme.
Avec qui devriez-vous avoir des conversations en tête-à-tête ?
Cela peut être différent dans chaque contexte, mais vous pouvez commencer par les travailleur·euses influent·es et/ou ceux/celles qui vous semblent les plus enthousiastes. Si vous avez commencé à cartographier votre lieu de travail et que vous avez une idée des principaux réseaux sociaux, les informations que vous avez recueillies jusqu’à présent devraient vous aider à décider à qui parler.
Toutefois, vous trouverez peut-être beaucoup plus facile de commencer par des collègues avec lesquels vous vous entendez bien. C’est certainement la meilleure solution si vous êtes un peu nerveux·se à l’idée de parler à d’autres collègues, cela vous aidera à prendre confiance et à vous entraîner.
Où et quand devriez-vous avoir des conversations en tête-à-tête ?
Nous vous recommandons d’essayer d’organiser un rendez-vous prédéterminé après le travail, ou de profiter d’une occasion inattendue en dehors des heures de travail. Par exemple, votre enfant va peut-être à l’entraînement de football une fois par semaine et vous rencontrez parfois un·e collègue dont l’enfant est présent·e ? Vous pourrez peut-être discuter pendant dix minutes sur le parking en attendant que les enfants aient fini de jouer.
Mais il est également très fréquent que ces conversations en tête-à-tête se déroulent au travail, par petits bouts, sur plusieurs semaines. En fin de compte, il s’agit de trouver ce qui est le plus facile et le plus pratique pour vous deux. Mais si vous avez ces conversations au travail, soyez discret ! Vous ne voulez pas que quelqu’un·e vous entende. Si vous avez « cartographié » le lieu de travail, votre carte révélera certains endroits utiles pour les conversations, ainsi que d’autres à éviter (pas près des fenêtres ouvertes ou dans les cages d’escalier).
Que devez-vous dire ?
C’est ici qu’interviennent Agir, Eduquer, Immuniser, Organiser, Syndicaliser ! Il ne s’agit PAS de faire du prosélytisme sur la « justesse historique de la cause de la classe laborieuse » ou de convertir quelqu’un·e à une idéologie politique spécifique. Bien au contraire, vous voulez savoir exactement où en est votre collègue. Vous voulez savoir ce qui le ou la met en colère et le·a guider vers l’idée positive que nous avons le pouvoir, collectivement, de résoudre n’importe quel problème.
L’écoute active est une compétence essentielle à développer. Souvenez-vous de la règle 80/20 : 80% d’écoute, 20% de réaction.
AGITER : Découvrez quels sont les griefs et les problèmes de votre collègue. Qu’est-ce qui le ou la met en colère ? Posez d’autres questions : en quoi ces problèmes les touchent-il·elle personnellement ? Collectivisez les problèmes ; » tu n’es pas seul, quelques un·es d’entre nous sont aussi agacés par cela « . Il ou elle peut mentionner un problème dont vous n’avez jamais entendu parler auparavant. Demandez-lui s’il ou elle connaît d’autres travailleur·euses qui en souffrent.
ÉDUQUER : demandez à votre collègue comment, selon lui/elle, les choses pourraient être différentes. Que faut-il changer, selon lui/elle ? Suggérez qu’il y a toujours des solutions et que si vous vous serrez les coudes, vous pouvez agir collectivement pour améliorer la situation. Vous devriez vous renseigner sur les luttes qui se déroulent dans votre secteur d’activité dans tout le pays et dans le monde entier. Donnez à vos collègues des exemples de victoires.
IMMUNISER : Tou·tes les travailleur·euses ont peur de s’organiser. Soyez réaliste, conscient·e des difficultés et des risques. Les patrons mentiront et essaieront de nombreuses tactiques pour vous arrêter, même des tactiques illégales. Mais si vous vous serrez les coudes, si vous êtes discipliné·es et organisé·es, vous serez plus en sécurité que si vous étiez seul·es.
ORGANISEZ-VOUS : Nous avons besoin de gens qui font ! Donnez-leur une tâche. Faites une liste de tâches faciles et sans risque et demandez-leur d’en faire une ; « Tu es ami avec John, non ? Tu peux lui demander ce qu’il en est des changements récents dans les pauses des nettoyeurs ? » S’ils/elles le font, c’est qu’ils/elles sont à garder !
Et enfin, SYNDIQUEZ-VOUS : Tou·tes les travailleur·euses sont plus fort·es et plus sûr·es dans un syndicat. L’IWW peut donner des conseils, une formation et des ressources pour aider les travailleur·euses à agir ensemble. C’est un mouvement à long terme et c’est ainsi que nous nous développons. Faites-les entrer dans le syndicat !
Ce sont les bases fondamentales pour avoir des conversations en tête-à-tête avec des collègues de travail. Au début, elles seront gênantes et vous ferez des erreurs, mais ne vous inquiétez pas, vous deviendrez vraiment bon·ne avec la pratique ! Bonne chance et bons têtes à têtes !
Traduit de l’anglais par IWW Bruxelles. Original ici.
Cet article fait partie d’une série : Les bases de l’organisation.