Le renouveau syndical aux États-Unis n’a pas émergé par miracle : il est le fruit d’un mouvement de fond qui a traversé le mouvement ouvrier de ce pays depuis quelques décennies, et qui a progressivement remis l’accent sur l’organisation des salarié·es privé·es de présence syndicale dans leur entreprise. Nous traduisons ici un texte célèbre, désormais un classique de cette dynamique. Tirés d’une formation à l’organisation donnée en 1985 par la section 1199 du Syndicat international des employé·es de service (SEIU), les 20 points condensent les principes fondamentaux d’un syndicalisme démocratique, ancré dans les collectifs de travail, basé sur une action volontariste en direction des salarié·es. On pourrait critiquer certains aspects, notamment l’extériorité de l’ « organizer » vis-à-vis des travailleur·euses, mais ces préceptes gagneraient à être étudiés et mis en œuvre dans beaucoup de nos syndicats… pour gagner !
1. Rapprochez-vous des salarié·es, et restez-y.
2. Dites au salarié·es que le syndicat est à elles et eux, et agissez en conséquence.
3. Ne faites pas à la place des travailleur·euses ce qu’iels peuvent faire.
4. Le syndicat n’est pas un guichet de services : c’est le lieu de l’expérience collective de la lutte.
5. Le rôle du syndicat, c’est d’aider les travailleur·euses à améliorer leurs conditions de vie.
6. Les travailleur·euses sont fait·es d’argile, pas de verre [iels peuvent changer sans casser].
7. N’ayez pas peur de pousser les travailleur·euses à construire leur propre syndicat…
8. Et n’ayez pas peur de leur dire en face quand iels ne le font pas.
9. Ne perdez pas votre temps à organiser les travailleur·euses qui le font déjà très bien : concentrez-vous sur les manques les plus criants.
10. Des groupes émergent naturellement parmi les salarié·es pour se défendre : identifiez-les, et recrutez celles et ceux qui les portent.
11. La peur existait avant votre arrivée : canalisez-la, sans chercher à la désamorcer.
12. La peur, lorsqu’elle est correctement redirigée, permet de construire une organisation combative.
13. Les travailleur·euses connaissent les risques : ne leur mentez pas.
14. Tout le monde a besoin de spectacle : insufflez de l’énergie, de l’enthousiasme, de l’impatience et de la confiance.
15. Les travailleur·euses subissent déjà bien assez d’oppressions, et n’ont pas besoin d’être oppressé es en plus par les syndicalistes.
16. Les syndicalistes parlent trop. La majorité de ce que vous racontez sera oublié immédiatement.
17. Apprenez aux travailleur·euses qu’iels ne trouveront pas de salut en dehors de leur propre pouvoir.
18. Uni·es, les travailleur·euses peuvent battre leur patron. Vous devez y croire, et alors iels y croiront aussi.
19. Ne sous-estimez jamais les travailleur·euses.
20. Lorsque nous ne mettons pas les travailleur·euses en lutte, nous perdons.
Traduit en Français par Baptiste pour Syndicalistes.org